Windsurf sur les Rails: Lorient Express
Nouvelle expérience ferroviaire il y a déjà deux semaines, après les trains Ouigo, sus aux TGV destination le Far West! Pourquoi si loin alors que les conditions arrosaient aussi la Manche et que le Kiff clignotait de nouveaux posts toutes les heures? Aubin Quernec avait lâché les chiens pour une free session Little Sea Wave à Larmor-Plage, un spot immortalisé et mythifié par Stefvidéo à de nombreuse reprises. Une grosse vague et des cailloux devant = étincelle qui s’allume dans mon cerveau. Une cause de type court-circuit synaptique n’est pas à exclure.
TGV Classique, mode d’emploi
Les trois voiles et la Wavetwin 74 étaient un peu à l’étroit dans le boardbag à roulettes. J’ai la chance d’habiter sur une ligne de banlieue directe jusqu’à la gare Montparnasse d’où se lancent tous les trains en partance pour l’Ouest. Un bail que je n’avais pas pris le TGV! Une crise de modernité a fait poussé des portillons sur les quais comme une éruption de boutons d’acné sur le béton gris de la gare pour exfiltrer les risques-tout sans ticket valide des accès aux trains. Heureusement, les boardbags type planche à voile/transport de cadavre ne font pas partie de la liste des exclus, je m’étais inquiétée pour rien. Pour faire les choses dans la légalité, ou du moins pour m’en rapprocher, j’avais réservé un « espace vélo non démonté » (10€). Il faut savoir que certaines rames de TGV ont été dotées par un fou visionnaire de quatre strapontins rabattables (des strapontins quoi) et d’une sangle permettant d’y placer deux vélos maximum. Grands Dieux. Cet homme, certainement sous l’influence des champignons hallucinogènes les plus actifs d’Amérique du Sud a du obtenir gain de cause auprès de sa hiérarchie en menaçant de lâcher des sangliers sur les voies tous les lundis matins à l’heure de pointe sur les voies du Paris/Lille. Bien que deux vélos non démontés pour 300 passagers reste ridicule, c’est mieux que rien.
Ce dimanche-matin, j’avais le compartiment pour moi, et tant mieux car vu la place du machin je ne vois pas comment un autre vélo aurait pu rentrer. Les sangles étaient usées et ne scratchaient plus rien, usées par tant de biclous. Le contrôleur est passé faire coucou assez vite après le départ du train. « 9a alors, c’est quoi ça? Ah oui, une planche à voile! Qu’est-ce que vous lisez dites-moi? J’ai entendu parler de ce livre, il faut que je m’y mette, oui. Vous allez à Lorient, comme ça? » Assaillie par tant de bienveillance, je suis resté sonnée pendant quelques kilomètres. « Tout se passe bien »? me demande-t-il un peu avant Rennes. « Même dans mes rêves les plus fous, je n’aurai imaginé mieux » lui répondis-je en bredouillant.
Mon meilleur trajet en plus de 20 ans de SNCF, avec le voyage où le train est resté en panne en rase-campagne jusqu’à une heure avancée. Un conseil, dans ces cas-là foncez en voiture-bar, vous passerez un moment beaucoup plus agréable que coincé dans un wagon non éclairé entre la vieille qui râle parce qu’elle a froid et le bébé qui pleure.
Correspondance rapide de 10 minutes à Rennes, largement de quoi sauter dans le TER. J’ai pris le coup de main pour transférer le bag dans les ascenseurs. Dans les TER, les espaces vélos/bagages/objets divers sont en général assez énormes. Dans les BreizhGo:
Fin de voyage dans le décor pittoresque de la Bretagne profonde, avec ses cours d’eau, ses villages, ses champs, ses forêts et ses autochtones. Et ses rafales de vent. A Lorient, un ami vient me chercher pour m’emmener au spot; il est 13h, le briefing est annoncé à 15h. Même si j’ai transporté un bagage encombrant et que j’ai du changer deux fois de t-shirts, je me sens bien plus en forme qu’après 6h de voiture.
Larmor, j’adore
Le temps est frais, humide et venteux. Pas de doute, je suis bien arrivée à Lorient, la ville qui a failli rendre un ami rochelais dépressif au stade pré-hospitalisation et qui fut sauvé in extremis de la folie par la découverte du didgeridoo. Je fis une courte prière à l’endroit des habitants qui surnomment leur ville Loriengeles. Pauvres âmes trop optimistes ou trop cyniques. Pour ma part, j’ai un bon souvenir du festival interceltique mais je ne connais pas encore assez la ville pour déceler en elle les éléments de son charme californien.
Beaucoup de monde à Larmor en cette belle après-midi à 120% d’humidité, les sauveteurs en mer s’en donnaient à coeur joie dans leurs exercices de nage tractée sous la pluie, ainsi que moult surfeurs et windsurfeurs la bave aux lèvres. J’ai rapidement filé sur la gauche du spot pour aller tâter un peu la dalle du pied. La vague est assez particulière, une espèce de bowl qui forme d’un coup pour casser aussi vite sur une largeur tout de même assez large! Quelques glouglous plus tard, j’ai estimé que ça ne craignait pas et que je pouvais me vautrer dans ma voile à loisir. Je crois que le spot s’est octroyé deux mâts et au moins deux voiles en offrande ce jour-là. Soit j’ai du pot, soit les vagues où je me suis plantée n’étaient pas assez grosses, allez savoir.
Les vagues ont pris un peu de taille avec la marée montante, certaines ne donnaient pas du tout envie d’aller les chatouiller sous le menton. Le vent était assez rafaleux, j’avais choisi en 3.3 en gardant en tête que le vent allait monter; ne jamais oublier qu’en Bretagne, le vent monte une fois qu’on a abandonné l’idée qu’il se renforce et qu’on est reparti en 4.7. J’étais un peu juste, mais ça suffisant pour se replacer, prendre des vagues et parfois essayer un truc dessus. Les cadors morbihannais comme Vincent Caro, Fred Jézéquel, Aubin, Florian le Boux, Mathieu Hervoche du 44 et d’autres dont le nom m’échappe s’en donnaient à coeur-joie. Je me suis fait le grand plaisir de faire n’importe quoi, même si ça m’a coûté un bon petit dos crawlé vers la baie. Le Kiff était plutôt bien représenté avec 3 membres sur l’eau ^^
Les arrivées conjointes de la pluie et des 40nds ont sonné l’heure de la retraite, et après une petite baignade improvisée pour aller freiner le matos de Flo, laissé en liberté après un gros move et qui filait vers le chenal, j’ai fini par rejoindre la plage voile un peu ouverte. Seb, l’ami qui m’accompagnait, était encore convalescent d’un accident de tronçonneuse et n’a pas été trop taquiner la vague de la pointe; les conditions de vent side-on ne lui ont pas facilité l’affaire. Le retour vers Rennes se fera sous une pluie battante, comme si le ciel voulait effacer la présence de la ville de l’horizon.
Gâvres
Le lendemain, une belle session à Gâvres nous attendait. Enfin m’attendait, Seb n’a pas pu se remettre à l’eau à cause d’une douleur à l’épaule et il s’est mis à l’affût dans la petite cabine au bout de la plage, le téléobjectif en main. Petite motivation sur l’eau, je me suis sentie un peu mal de naviguer comme une quiche devant un pote qui m’avait logée, nourrie, véhiculée et qui était en train de me prendre en photo. Je me suis réveillée sur la fin en acceptant l’idée qu’on a tous des sessions où on se sent à côté de la plaque alors que tout le monde déchire.
Photos: Sébastien
Retour à Rennes pour aller prendre le TGV direction la maison. N’ayant pas réservé de billet à l’avance j’ai du patienter un peu pour pouvoir profiter de l’espace vélo disponible d’un TGV Inoui, et bien entendu de comme de par hasard-tiens-donc, le temps de m’éloigner de 5 mètres pour aller acheter un sandwich, j’ai encore eu droit à la même rengaine de la sécurité:
« C’est à vous le bagage abandonné? IL-FAUT-TOUJOURS-LE-GARDER-AVEC-VOUS-SINON-ON-DOIT-APPELER-LA-PO- « .
Vous connaissez l’histoire.
TGV Inoui, quesaco? Ce serait les TGV hauts de gamme de la flotte, modernisés et restylés. Quand on parle de modernité à la SNCF, on veut dire WIFI gratuit, prises électriques pour tout le monde, et surtout, des portes qui restent ouvertes automatiquement grâce à la technologie de la détection de mouvement. Bluffant quand on a connu le Wifi payant à 5€ de l’heure et que, pris en sandwich, on a du appuyer près de 923 fois sur le bouton de la porte en attendant de pouvoir sortir du wagon quand il y avait du monde. L’espace vélo, par contre, c’était moins de la tarte. Encombré de quelques valises et de taille réduite, j’ai bien cru que le bag n’allait pas rentrer dans l’exigu compartiment. Le contrôleur a tiqué, évidemment. « Ils vous ont dit de faire ça les collègues »? Oui-oui! « Décidément, on voit de tout ». Tu l’as dit, bouffi 😀
Pour finir decrescendo, mon train de banlieue n’avait pas d’espace vélo non plus, et le sac a fini juste devant la porte d’entrée du conducteur de train. Heureusement, il n’a pas eu la bonne idée d’appeler le service déminage ni de s’en servir comme escabeau, et je suis rentrée sans encombre à la maison où j’ai pu changer de T-shirt avec délectation.
Le test du boardbag dans le TGV a été une réussite, tant en heure creuse qu’en fin d’heure de pointe le lundi soir, l’expérience est concluante 🙂 l’aller-retour last-minute en train aura coûté aussi cher que de partir seule en voiture, mais j’étais moins brisée en reprenant le boulot le mardi matin et j’ai pu m’instruire sur l’intrigante vie des arbres grâce à ce fameux livre, . Un grand merci à Seb qui m’aura chouchoutée comme sa fille tout le week-end, à Stefvidéo le caméraman étanche par excellence, big up à tous les riders du dimanche et condoléances pour leurs pertes!
J’espère que je pourrai revenir pour la vraie Little Sea Wave Classic quand le vent se sera décidé, en attendant, Kenavo!
INFOS TGV – TGV INOUI
Attention aux longueurs, j’ai transporté un boardbag avec une planche de 2m35 et c’était déjà limite, surtout dans le TGV Inoui. La résa vélo coûte 10€ par aller.