L’IFCA et les Féminines
Pourquoi les femmes n’ont-elles pas eu droit à leur titre mondial à Sylt cet été? Si l’IFCA représente pour vous une entité aussi obscure que l’Etoile de la Mort, voici un petit rattrapage sur l’univers de la voile internationale. Avant d’y avoir participé, j’étais perdue aussi, je vous rassure ^^
Qui est qui?
ISAF = Fédération internationale de la voile.
Le big boss (Dark Vador) dirige plus d’une centaine de classes et définit les règles. C’est l’ISAF qui délivre les titres mondiaux officiels reconnus par les fédérations nationales et qui valent un max de points sur le classement FFV. Les classes doivent payer leur adhésion à l’ISAF qui en retour leur octroie courtoisement quelques avantages dont le droit d’exister et d’organiser leurs propres championnats du monde. Cependant, impossible de créer sa propre classe de Windskate du jour au lendemain. Les infos officielles qui expliquent comment devenir une classe ISAF se trouvent dans le divertissant PDF ci-joint. C’était la partie de la discussion où je regardais les papillons faire festin sur un buisson en fleur. Mille excuses.
Pour en revenir à ce qui nous intéresse:
IFCA = International Funboard Class Association
Elle paye l’adhésion ISAF classique (vers 1000£ je crois).
PWA = Professional Windsurfers Association
Elle paye l’ISAF une somme beaucoup plus importante pour pouvoir passer outre les règles internationales, et se permettre d’instaurer le no rule en slalom par exemple. Hein, pourquoi s’embêter avec des protests. En revanche la PWA n’est pas une classe ISAF, et ses titres ne sont pas officiels. Les standards d’organisations sont bien plus élevés que sur l’IFCA (prizes, hébergements, etc…) et elle est catégorisée comme « special event » au même titre que la Volvo Ocean Race. L’Alliance Rebelle (et friquée) du monde de la voile?
Ces fameux titres mondiaux
Bref. Lors d’une journée oisive et pétolesque à souhait, nous avons demandé au comité IFCA pourquoi ne nous recevrions pas de titre à Sylt. Y a pas de raison. En fait, si.
Une classe ISAF ne peut attribuer que 4 titres mondiaux maximum. Pourquoi pas 10?
A la glorieuse époque où l’ISAF régulait le nombre de titres de façon beaucoup moins stricte, celui-ci dépassait les 800! Un peu dur de s’y retrouver, d’où le chiffre de 4 pour calmer le jeu. L’IFCA faisant partie de l’ISAF (le big boss de l’Etoile de la Mort entre autres, rappelez-vous) qui décide du nombre de titres, la voilà coincée avec 4 titres seulement pour la vague, le slalom et le freestyle! Cette année le choix s’est porté en Slalom sur les catégories jeunes, seniors et masters homme, et jeunes freestyle. La condition sine qua non? Il nous faudrait être au minimum 30 compétitrices de 5 nationalités différentes et d’au moins deux continents. A ce moment-là seulement pourrons-nous être éligible à un titre et causer business.
Quand on sait les que GrandMasters ont fait une demande de titre, ça craint.
Yes we can?
Si les évènements women-only pourraient constituer une solution intéressante, il faut garder en tête qu’à 30 compétititrices l’organisation ne sera pas du niveau de celle dont nous avons bénéficié à Sylt où nous étions au total presque 100.
Les endroits ayant remporté le plus de succès quant à la fréquentation féminine sur un championnat IFCA sont:
> la France (Almanarre toujours partante, mais malheureusement pas intéressée pour organiser un championnat du monde féminin avec prize money en parallèle d’un championnat jeune/master sans prize pour des raisons d’équité et de difficultés à réunir la somme).
> la Turquie (Lena a essayé d’organisé une compétition de ce genre à Bodrum qui a malheureusement été annulée pour des raisons bureaucratiques. Fait chier, mais les sponsors sont prêts à remettre le couvert l’année prochaine!)
> l’Espagne/Italie
Si vous avez une idée et que votre club est chaud, faites-le savoir!!! Ce titre dépend de nous! Tout en sachant que la première édition se fera sans titre aux même conditions (mini 30) et servira de preuve pour l’attribution d’un titre pour les suivantes.
Note: en France, tout passe un intermédiaire de la FFV qui lancera un appel d’offre aux clubs pour l’organisation d’un évènement. Notez aussi que ce sont les représentants des fédérations qui votent les décisions à lassemblée générale de l’IFCA, et non pas les riders. Ainsi, la FFV a voté pour un titre féminin en F31 lors des championnats de France open si plus de filles participaient.
L’IFCA peut mieux faire
L’Eurocup peut devenir une alternative intéressante mais à l’heure actuelle, le tour européen de slalom n’est pas très attractif pour les compétitrices: pour preuve en moyenne 3 filles par épreuve! La com’ sur les rares participantes est donc inexistante (les seules nanas qu’on voit sont pendues au wish des beaux athlètes sur le slider du site), pas titre, et un prize de 250€ pour la première. L’IFCA a le droit de créer un titre de championne d’Europe sans restriction de la part de la maison-mère. Dans un soucis de crédibilité sportive la question d’un minima de coureuses reste incontournable, 9 or 10 me paraîtrait honnête. Il ne reste plus qu’à soumettre une proposition au comité IFCA (je n’ai pas eu de retours sur la question du minima, n’hésitez pas vous manifester) qui sera ensuite votée.
J’aimerai souligner que pour ma part, si l’IFCA ne soumet pas les organisateurs à un délai supérieur à un mois (idéalement 2) pour confirmer ou annuler l’épreuve, je n’y participerai pas. Trois évènements (Silvaplana, Pologne, Turquie) ont été annulés (ou un truc pas clair) à moins d’un mois du début de l’épreuve, c’est dissuasif pour les riders. Et mon boss n’a pas que ça à faire de changer mes congés en speed tous les mois.
Résultat officieux = le vide intersidéral?
Concernant la com’ de la Volvo Surf Cup de Sylt, je ne sais pas qui en était chargé mais celle des rideuses était là aussi améliorable. Il y a eu des choses très bien, merci beaucoup, et d’autres… Bof. Sur le flyer distribué aux curieux, le nom des 10 slalomeurs les plus en vue pour le titre, aucun mot sur les filles. Peut-être pas assez d’inscrites à l’époque de l’impression des flyers? Pour le résumé video de l’épreuve, idem, pas une trace de windsurfeuse. Néant. Un résumé à l’image du logo de Volvo?
Aucune mention dans le webzine WOW non plus! Un résultat officieux ne mérite donc que les oubliettes? Je suis allée à Sylt pour me battre et pas pour le bronzage, j’ai gagné ma première course et Lena Erdil, vice-championne du monde PWA en slalom qui a fait le voyage depuis la Turquie a remporté toutes les autres. Cet évènement représente quelque chose pour moi, pour nous. Quelque chose que je n’accepte pas de voir planqué au fond du tiroir. Délaisser les féminines ne les fera pas revenir en masse, au contraire; un résultat sans titre reste un résultat dont tout le monde bénéficierait à le médiatiser.
Ce serait mentir que de dire que nous avons été oubliées toute la semaine: c’est là tout le paradoxe! Un coup on parle de Lena qui a été quand même vice-championne du monde et recordwoman de speed, excusez du peu, on a l’impression d’être là pour quelque chose, et un coup on se retrouve avec les problèmes du dessus. Dans tous les cas, il y a de la marge de progression!
Engagez-vous! Et rengagez-vous qu’ils disent
Dernière chose, si vous vous sentez une vocation de porte-parole l’IFCA recherche un représentant(e) pour les rideuses (et un(e) pour les rideurs). En quoi ça consiste?
D’abord du bénévolat! Vous serez responsable de la com’ (contenus liés aux rideuses sur le site web), localiser les organisateurs potentiels pour les évènements women-only and les aiguiller pour la mise en place et l’orga avec l’aide de l’IFCA bien entendu. Contactez Ruben pour plus de détails. Cette place vacante pourra résoudre déjà quelques soucis.
L’IFCA est ouverte aux propositions et fera ce qui est en son pouvoir pour faire avancer les choses. Ses membres sont à l’écoute, nous avons pu le constater à Sylt.
Pour finir sur une note plus que positive: en France le nombre de participantes en RRD120 au dernier championnat est passé de 15 à 30 cette année… La relève est là et elle mérite nos efforts!
Sources:
Bruno De Wannemaeker (Président de l’IFCA), Ruben Petrisie (chargé de communication IFCA), ISAFSi j’ai fait des boulettes sur les infos, faites m’en part dans les commentaires! Peace
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