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L’IFCA et les féminines: du mieux!

MARION-MORTEFON-FRA-118Wind of change

Deux ans après l’IFCA de Sylt où j’ai eu l’occasion de plonger au coeur des rouages du réglement de l’ISAF et du monde merveilleux des titres mondiaux, c’est l’occasion de dresser un nouveau bilan après la Croatie 2016, pendant que tout le monde fait la sieste à la Tranche sur Mer lors du championnat du monde 2017 – exclusivement féminin sur la Tranche, avec le championnat d’Europe senior homme.
Appremment peut-être un peu de thermique cette aprèm. Inch Allah la grâce de Dieu wesh.

Un titre féminin mondial!!!

Les choses évoluent dans le bon sens à première vue puisque nous avions appris en Croatie une fois sur place que, comme sorti d’une pochette surprise, un titre nous a été accordé à la dernière minute (3 jours avant je crois) même si nous n’étions que 20 au lieu des 30 participantes minimum pour faire la demande. Si tout le monde a salué bien-sûr la décision de l’ISAF de nous accorder un titre officiel de championne du monde de slalom IFCA dans des conditions aménagées, l’absence totale de comunication de la part de l’IFCA autour de ce titre soulevait des questions. Personne, en arrivant, n’était au courant. Je suppose qu’à part les participantes, personne ou presque n’a semblé au courant une fois l’épreuve finie. D’accord, c’est l’IF-quoi, mais quand même, il y a encore quelques journalistes vivants dans ce milieu jusqu’à preuve du contraire. Ou alors vivants mais plus journalistes.  Un beau raté pour les compétitrices de la PWA en mal d’épreuves (2 étapes en 2016 oh yeah)! Ruben Petrisi m’a justifié ce trou noir par “You know, politics”, ce qui n’a pas suffit à la FFV en colère face à ce manque d’information. No shit. Les conditions obscures dans lesquelles les choses se sont passées laissent perplexe après avoir mis tant de points sur les “i” l’an passé.

Néanmoins pour cette année les choses sont claires pour tout le monde. Ce titre enfin accordé est un grand soulagement et ne manquera pas d’augmenter le nombre des participantes (pas loin de 25 il me semble à la Tranche), faut-il encore qu’elles le sachent. Et sans connaître les conditions exactes de son obtention, comment être assurées de sa pérennité?

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D’après mes sources (lol ce petit plaisir), c’est grâce à la pression de l’IFCA que l’ISAF a daigné accordé le titre aux féminines. On peut leur dire merci!! J’ai un doute sur le fait qu’il y ait en revanche toujours un titre mondial pour les jeunes en freestyle. Je redemanderai à l’occas’.

Media – peut toujours mieux faire

L’épineuse question des média demeure révélatrice dans bien des sports de la façon dont les sportives sont considérées et si une photo, ou une absence de photo peut paraître innoncente à première vue, elle trahit souvent une certaine vision.

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Et une certaine vue.

Assez peu de photos de filles sur l’eau ont étés mises jusqu’à ce que je pointe le problème sur facebook. Ah ça le bikinis oisif sur la plage ne manque pas – ne manquera jamais – d’attirer l’oeil du photographe mais les nanas qui donnent tout sur l’eau ne semble pas suciter autant de professionalisme. Quand apparemment les transferts de photos mettent du temps (dixit Ruben Petrisie responsable com’), pourquoi choisir de mettre une minette en bikini qui ne participe pas à la compétition et pas une compétitrice au jibe? Soit cette photo n’a rien à faire là et son choix est presque insultant puisqu’il sous-entend qu’elle est aussi voire plus importante qu’une photo d’action, soit on attend toujours une photo de mec faisant bronzer ses abdos saillants en Speedo sur une serviette, mais je crois qu’on peut l’attendre longtemps. Sérieux.

Pour la production vidéo, bien qu’assez pauvre pour l’instant avec seulement le récap’ du premier jour, elle est parlante également. Sur 1’30 de windsurf, retenez 13 secondes pour les filles en navigation, soit 15% environ de temps. Pour 28% de la flotte.

« Non mais c’est du détail pour un sport pas médiatisé kestuteprendslechou… » Hé oui, à l’époque où j’écrivais cet article, j’avais du temps. C’est avec ce genre de détails, qui paraissent n’être qu’insignifiants, qu’on perçoit la nature du regard porté sur l’importance de la présence des féminines, inconsciemment ou pas. En se fondant sur ces éléments, le regard media doit encore évoluer. Difficile de comparer avec Sylt où la température ne permettait pas aux bikinis de sortir à tout va…
Imaginez ne voir que des photos de filles au jibe et que des photos de mecs sur la plage en train de gréer et bouger leur matos, pour caricaturer. Question de point de vue.

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C’est pas facile d’en trouver des comme ça!!

Le prize money

En 2016, quelque chose m’avait interpellé: étrange qu’avec 20 filles, ce soit toujours les 4 premières qui touchent du prize money, et que la somme soit la même qu’à Sylt on nous étions 10, deux fois moins donc. Après fouinage dans les documents officiels pour me renseigner sur cette répartition curieuse du prize, je n’ai pas été déçue.

Voici un extrait de la page 18 de l’annexe des règles de l’IFCA: (http://www.internationalwindsurfing.com/userfiles/documents/IFCA_Championship_Rules.pdf):

Le cas IV notamment, implique que quel que soit le nombre de femmes au dessus de 25, le prize money plafonnera à 30% du prize total. En gros, avec 50 hommes et 50 femmes (cas extrême ^^), sur un prize de 20 000€ les hommes se répartissent 14 000€ contre 6 000€ pour les femmes à nombre égal. Autrement dit, les règles de répartition du prize sont fondamentalement inégalitaires.

La deuxième répartition du prize au sein des classes par tranches n’est pas une si mauvaise idée et tend à se rapprocher empiriquement de la réalité pour plus de simplicité, mais sachant qu’en ce moment le nombre de participantes tourne plutôt entre 10 et 20 (on espère plus), le plus équitable serait de le faire au prorata du nombre de participantes ou de faire plus de tranches. Pour les hommes également, est-il avantangeux pour eux que ce soit les 16 premiers qui reçoivent du prize, qu’ils soient 50 ou 80?

Le cas de la PWA…

Les règles qui prévalent en PWA sont directement inspirées de celles de l’ISAF donc de l’IFCA, d’où les similitudes observées sur leur réglement. Les montants des prizes hommes et femmes sont indépendants. Dans les faits, ça marche.
Par exemple pour la Nouméa Dream Cup 2015, 18 femmes inscrites = 21% de la flotte, avec 27% du prize (15 000€ femmes + 40 000 hommes). Pour la Corée 2016, 26% de femmes pour 27% de prize (15 000/40 000). Contre exemple, Alacati 2015, 31 femmes = 32% des inscrits pour toujours 27% du prize (15 000/40 000). À la fin de l’année 2015, si on s’amuse à calculer ce que les femmes auraient gagné avec un prize divisé en fonction des proportions homme/femme (ex nouméa 21% de filles 21% de 55 000€) vs ce qu’elles ont effectivement gagné ça donne, après quelques calculs chiants de CP, 42 900€ au prorata vs 45 000€ avec un prize fixe (j’espère ne pas m’être trompée j’ai la flemme de vérifier). Bon deal pour celles qui suivent tout le tour SI le nombre de participantes ne dépasse pas les 27 en moyenne par épreuve; en 2015 on en est à 22 de moyenne. Vu les galères de budget, il y a un peu de marge! En revanche sur des épreuves plus accessibles en termes de budget comme Alacati qui connait toujours une forte participation féminine, c’est moins avantageux.

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Lena Erdil la locale d’Alacati et vice-championne du monde PWA

Et ses choix!

Problème, quand les hommes ont 7 étapes et les femmes 2, ça marche moins bien forcément… À ce sujet, malgré la volonté de « ne plus accepter de nouvelles épreuves de slalom homme sans les femmes » (cf le meeting des compétitrices à Hvide Sande l’automne dernier), les déboires de Marseille continuent de révéler un fond de pensée pas si favorable. Suite à un trou dans le budget, les féminines sont – comme d’habitude – écartées de l’épreuve. Si on ne nous a pas servi un grossier bobard, je ne sais pas ce que c’est d’autre. Peut-être un bobard king-size-macron-welovethepeople edition. Bref, notre statut de lest à jeter par-dessus bord en cas de difficulté n’a pas l’air d’avoir changé. Il y en quelques uns qui pourraient se lancer dans la politique avec brio, il y a des places à prendre en ce moment.

Une nouvelle équité à trouver?

La PWA a su trouver une répartition qui fonctionne si elle est lissée sur plusieurs étapes. Problème, le championnat du monde de slalom IFCA ne compte… qu’une seule étape annuelle. Devant les règles de l’IFCA qui me paraissent peu incitatives, il me semblerait plus logique que la distribution du prize se fasse proportionnellement entre les deux classes:

prize femme = prize total x (nombre de femmes/nombre total)

Exemple en Croatie: 20 000 x (20/74) = 5400€ au lieu des 4000€ effectivement distribués;

Entre 10 et 24 femmes = 20% du prize; Quand le rapport f/h est en-dessous de 0.2, les règles ifca sont avantageuses. Au-dessus de 0.2 elles sont désaventageuses pour les femmes.

Exemple à Sylt: 20 000 x (10/86) = 1162€ au lieu de 2000€;

Dans cet exemple on est dans un rapport très avantageux.

Conclusion: plus on tend vers un rapport homme/femme égal, plus la distribution du prize sera désavantageuse pour les femmes.

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MERCI

Pour poursuivre jusqu’au bout du concept, la répartition devrait se faire proportionnellement sur les 30% premiers/premières par exemple. Avec 20 filles, les 6 premières auraient eu droit à du prize money. Avec 54 garçons, on tombe à 16. À 80, nombre maximal de participant pour chaque classe, on tombe à 24. Ce pourcentage doit permettre de garder une certaines attractivité pour les top riders sans tomber dans l’élitisme en récompensant trop peu de compétiteurs. Un nouvel équilibre à trouver? Sur la PWA, les 16 premiers également remportent du prize pour 64 places maximum; au pire de l’année 2015, on comptait 55 hommes en Corée.

Ce mode de répartition est plus lisse que l’ancien; moins avantageux par rapport à l’existant lorsqu’on se situe dans la partie basse de la tranche du nombre de participantes, mais l’est plus quand on approche de la partie haute. Comme les impôts quoi.

Je pense qu’avec le nombre de jeunes conséquent qui se prépare à arriver sur les gros championnats – et des jeunes largement dans le coup il suffit de regarder les classements pour s’en convaincre – il faut passer à un autre mode de répartition du prize plus équitable pour ne pas pénaliser cette nouvelle génération qui monte. Hommes et femmes connaissent les même difficultés dans ce sport, s’entraînent de la même façon, font les même parcours, la récompense doit être identique.

Pour la Tranche, on aurait pu se dire youpi plus d’épreuve commune plus de problème. MAIS – ben oui mais, sinon c’est pas fun – que vois-je dans l’avis de course? 8000€ pour le championnat d’Europe homme, 4000€ pour le championnat du monde femme. Championnat du MONDE. Dans les 8000€, ils gardent 4000€ pour Antoine Albeau ou ça se passe comment là?

Cependant, dans l’optique d’un prize money commun, avec 23 femmes et 39 hommes et un total de 12 000€, on est pas si loin du compte avec 4 000€ alloués aux femmes dans l’avis de course contre idéalement 4500€ si le partage avait été proportionnel. Après ça dépend de la place à laquelle on met un championnat du monde femme dans la pyramide des prizes money en face d’un championnat d’europe. Pour info, à Texel les hommes avaient 15 000€ de prize money pour une cinquantaine de gars (et deux filles?? si j’avais su j’irai serai allée!). Là encore, en rassemblant la flotte du championnat du mponde de Texel et de la Tranche, sur 19 000€ de prize, en proportionnel les femmes auraient du toucher ~5 500€.

Conclusion

Avec une épreuve, le modèle PWA qui lisse les disparités sur plusieurs étapes fonctionne. Je proposerai plutôt de distribuer le prize money en fonction du prorata homme/femme pour les épreuves communes. À l’intérieur des classes, un pourcentage fixe me semblerait logique, à déterminer! En revanche, l’avantage des tranches est de simplifier grandement la distribution.

Et pour la Tranche sur Mer, je crois que ça se passe de commentaire. Enfin un titre, à quand un prize money équitable…

N’hésitez pas à partager votre expérience sur ce sujet dans les commentaires, si vous avez des propositions, des remarques… Mais dépêchez-vous je crois que le thermique se lève :p bonne course les filles!

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Parité, équité, où vous cachez-vous?

PS: je ne suis pas inscrite à la Tranche parce ça recoupe l’épreuve de… MOTHERFUCKING POZOOOOOOOOOOOOOO AAAAAAAAAAAAAAH désolée je stresse un peu pour ma première PWA de vague avec des conditions (poke la Torche)… Adieu monde cruel!!!

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